Devoir de Mémoire

Le journal à partir duquel sont tirés les témoignages de Rachid Kacem s’inscrit dans une démarche légitime de recherche de la vérité historique que certains hagiographes en ont sciemment dévoyé le sens et la portée. Coïncidant avec la période de tergiversations sociopolitiques postrévolutionnaires que vit actuellement la Tunisie martyre, Devoir de mémoire tombe à point nommé pour apporter une précieuse contribution à la réécriture de cette période de son histoire dans le l’espoir que les citoyennes et citoyens tunisiens d’aujourd’hui puissent tirer une grande fierté de leur histoire commune, des sacrifices consentis par leurs ascendants et de l’exemplarité des rapports d’entraide et de complicité qui existaient entre toutes les régions du pays… Il s’agit aussi d’un témoignage saisissant, ponctué souvent par une description de Tunis et de plusieurs autres villes, qui retrace progressivement l’évolution sociale et politique de la Tunisie, et rend un vibrant hommage à nos nombreux leaders tombés sur le champ de bataille et envers qui nous devons respect et reconnaissance posthumes… « ... Rachid Kacem, à travers son journal, nous transporte dans La Marsa sous occupation allemande en passant par la libération alliée, et la destitution de Sidi El Moncef Pacha Bey qu’il vécut comme une très haute injustice faite au peuple tunisien. Son journal, avec toutes les tensions qu’il pourrait susciter, reste le devoir de mémoire sans compromis d’un jeune et authentique patriote tunisien. »Sofiane Ben M’rad Président de l’association scientifique Histoire & Réconciliation Rachid Kacem (1918-1986), né à Tourbet el-Bey, au cœur de la Médina, vécut pleinement la réalité populaire profonde d’une Tunisie soumise d’abord au un régime d’exploitation raciale à sens unique, puis à la dictature républicaine. Tout au long de sa vie, il ne cessa de se révolter contre l’injustice et les exactions perpétrées aussi bien par les envahisseurs de tous bords que par les autochtones serviles. Sadikien, ayant fait ses études de Doit à la Sorbonne, il occupa plusieurs postes de haute responsabilité dans l’administration tunisienne avant et après l’Indépendance. Il fut, tout jeune, gouverneur (khalifa) de la banlieue nord de Tunis et connut les affres des geôles le jour même de la déportation du monarque-martyr, Moncef Bey, dont il fut un fervent disciple. À la fin de sa retraite, il se contenta de modestes postes jusqu’à sa retraite en 1978 du ministère de l’Intérieur...