Les Almohades ont fait couler beaucoup d'encre. Fondateurs d'un empire bureaucratique, ils ont mis en place une administration où travaillait l'élite lettrée issue des différentes provinces. Très centralisé, le califat almohade avait recours à des professionnels chargés, d'une part, de transmettre les ordres du souverain, les nominations de gouverneurs, juges et fonctionnaires provinciaux, d'autre part d'informer la cour sur les plaintes provenant des régions. L'édition, la traduction et l'analyse du manuscrit 4752 de la Bibliothèque ḥasaniyya de Rabat ouvrent de nouveaux horizons sur l'Empire almohade, dont les pratiques administratives et politiques sont connues, jusqu'ici, essentiellement à travers le prisme déformant des sources narratives. Or les écrits pragmatiques que constituent les taqdῑm-s mettent en relief la virtuosité des scribes qui renouvellent sans cesse leur style et leurs formules par la maîtrise d'une langue arabe dont, ce faisant, ils écrivent les lettres de noblesse.